Une petite histoire de La Pierrière...
Joseph Désiré Mitard, le grand-père de notre Mémé Marie, est né à La Tuilerie du Défend, sur la commune de Saint-Georges-de-Noisné, le vendredi 07 février 1840 à 10h du matin. Son père Joseph Mitard y était agriculteur aux côtés de son épouse Françoise Gauthier. Il était l'héritier d'une lignée avant lui de chauliers ou chaufourniers, qui possédaient l'art de fabriquer des tuiles en terre cuite ou de la chaux en brûlant de la pierre calcaire.
Par son acte de naissance il est prénommé Joseph, mais on ne sait pas pourquoi, il y a toujours été ajouté le prénom de Désiré, prénom utilisé usuellement.
Trois ans plus tard, nous sommes à
Champdevaux sur la commune de La Chapelle-Bâton, commune voisine de celle de
Saint-Georges-de-Noisné, et vient au monde Victorine Gautier le mardi 21
février 1843 à 11h du soir, au domicile de François Gautier et Marie Magdelaine
Dupuy, agriculteurs.
Ces deux là, Joseph Désiré et
Victorine, ne savent pas encore qu'ils sont faits l'un pour l'autre et qu'ils
donneront plus tard naissance à une descendance de grande qualité...
A cette époque nous sommes alors sous le règne de Louis-Philippe 1er, roi des Français, depuis la révolution de 1830 et l'avènement de la monarchie de juillet.
Quand il a eu 20 ans, Joseph Désiré a
dû se rendre à Mazières-en-Gâtine, au chef-lieu de canton, pour le Conseil de
Révision. Au tirage au sort, le 4 mars 1861, il a tiré le numéro 31, ce qui le
rend potentiellement tenu aux obligations militaires. Il a bien essayé de faire
valoir qu'il était porteur d'une hernie inguinale à gauche, pour tenter
d'obtenir une réforme, mais il a été jugé "propre au service". Et le
14 mai 1861, il a été inscrit à la 11ème place sur le contingent des 66
conscrits du canton.
On sait alors qu'il mesurait 1,68 m,
qu'il avait les cheveux châtain foncé, le front ordinaire, les yeux gris, le
nez long, la bouche petite, le menton rond, le visage ovale et bien sûr le
teint coloré, comme tous les agriculteurs du canton qui passaient leurs journées dehors.
Par contre je n'ai trouvé aucune information ensuite concernant la réalité de l'accomplissement du service militaire. Il est plus probable qu'il a pu alors payer un homme, parmi ceux qui ont tiré le bon numéro (un numéro exempté) pour le remplacer. C'était déjà le cas à la génération précédente, son père qui en 1827 avait tiré un numéro d'enrôlement, avait acheté un remplaçant (j'en ai la preuve dans son contrat de mariage, où il est fait mention de cet achat...). Peut-être cette solution a-t-elle évité à Désiré de s'embarquer pour le Mexique, où il aurait pu alors participer aux expéditions aventureuses déclenchées par l'Empereur Napoléon III entre 1861 et 1867, pour tenter d'asseoir l'influence française dans cette partie du monde...
Au lieu de partir pour l'armée, dès le
mois de juin 1861, soit à peine un mois après le conseil de révision, Joseph
Désiré (qui a alors 21 ans) et Victorine (18 ans), fondent ensemble une famille.
Avant le passage à la mairie, les deux
familles de Joseph Désiré et Victorine ont fait rédiger un contrat de mariage
le 29 mai 1861 par Me Félix Presle-Duplessis, notaire à Saint-Maixent, au terme
duquel il est stipulé :
- que le mariage est contracté sous le
régime de la communauté, hors les dettes antérieures au mariage qui devront
être acquittées par celui desquelles elles proviendraient,
- que les nippes, hardes, linges de
corps, bijoux et ornements à l'usage personnel des futurs époux demeureront
propres à chacun d'eux,
- que les parents Mitard et les
parents Gauthier s'obligent à verser au jeune couple, chacun une dot de 600
Francs, qu'ils s'engagent les uns et les autres à régler au cours de la
première année du mariage.
- il est également prévu que les
futurs mariés pourront aller s'installer à La Tuilerie Du Défend, à
Saint-Georges-de-Noisné, au domicile des parents Mitard.
C'est le mercredi 5 juin 1861 à 10h du
matin, qu'ils se marient à la mairie de La Chapelle Bâton, et que Pierre Massé,
adjoint au maire, recueille leur consentement mutuel et les déclare unis par le
mariage, en présence de leurs témoins.
Joseph Désiré avait désigné pour
l'assister ses deux beaux-frères, Clément Bourreau, 30 ans, meunier à Saivres,
le mari de sa sœur Marie-Françoise, et
Clément Texier, 35 ans, cultivateur à La Proutière, commune de Chantecorps, le
mari de sa sœur aînée Radégonde .
Victorine pour sa part avait fait
appel à Jean Gautier, son oncle de 38 ans, cultivateur à La Plaisière, commune
de Saint-Christophe-sur-Roc, et à Jacques Vivier, 30 ans, cultivateur à Bessé,
commune de Cherveux, son beau-frère, le mari de sa sœur Marie Adeline.
Après leur mariage, Joseph Désiré (ou
plus communément Désiré) vient donc avec Victorine s'installer à La Tuilerie du
Défend, au domicile de ses parents Mitard, où vit aussi son jeune frère
Augustin, alors âgé de 12 ans (C'est par lui, Augustin, que nous sommes
apparentés à nos lointains cousins Morisset de La Thibaudière, dont il est
l'aïeul...). Ses sœurs aînées Radégonde et Marie Françoise, sont déjà mariées
et ont quitté le domicile pour suivre leur mari respectif, l'une à Chantecorps
à la ferme de La Proutière, l'autre au moulin du Pont de Maunay sur la commune
voisine de Saivres.
C'est là, à la Tuilerie du Défend, que
vient au monde un an plus tard leur première fille, Léontine Mitard, le vendredi
04 juillet 1862.
Quelques mois plus tard, le 16 novembre
1862, la maison est endeuillée. Le père de Désiré Mitard, Joseph Mitard, décède
à La Tuilerie du Défend, il a 55 ans. Désiré est donc désormais seul chef de
famille.
Un peu moins de deux ans après sa sœur,
le samedi 20 février 1864, naît à son tour leur deuxième fille Clorinde Athalie
Mitard.
C'est à partir de cette époque que
Désiré a dans l'idée de changer de maison. Sans doute celle de La Tuilerie du
Défend ne lui convient-elle plus.
Alors il imagine qu'il pourrait bien
en bâtir une nouvelle, dans le champ du Terrier de la Pierrière, qui lui
appartient, et qui est situé à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de
la Tuilerie du Défend, de l'autre côté du ruisseau de Rocheteau, tout près du
château de La Roche-Naide, sur la commune voisine de Saivres, à proximité du
village de Combré.
Précisément, si ce champ s'appelle La
Pierrière, c'est parce qu'il y en a beaucoup, de la pierre, ce qui fait qu'il y
aura tous les matériaux qu'il faut sur place pour la construction. D'ailleurs
jusqu'à présent ce champ était justement un site de prélèvement de pierre pour
les chaufourniers, d'où son nom.
Mais voilà, il n'était pas le seul à
user de ce droit de prélèvement.
Notamment il y avait Olivier Pillac,
chaufournier à la Chaboissière de Saint-Georges-de-Noisné, qui possédait un
droit de prélèvement de pierre à chaux à La Pierrière, ainsi qu'un droit
d'usage sur un four à chaux au Défend et dans les courtillages qui en dépendent
(le jardin), et un droit de prélèvement de terre à tuiles dans les champs de la
Ringère appartenant à Jean Derré de la Tuilerie du Défend. Le 15/10/1864,
Désiré Mitard rachète tous ces droits à Olivier Pillac, pour une somme de 40
Francs (acte de Maître Levesque notaire à Saint-Maixent).
Et puis il y avait aussi Jean Derré,
son voisin de la Tuilerie du Défend, qui lui aussi disposait d'un droit de prélèvement de pierres à La
Pierrière.
Alors Désiré Mitard lui a proposé un
troc : Je te cède le droit au courtillage au Défend (acquis de Pillac), ainsi
que le droit au prélèvement de terre à La Ringère, contre ton droit au
prélèvement de pierres à La Pierrière. Les deux hommes tombent d'accord pour
cet échange, sans sortie d'argent, sans frais de notaire. Ils se contentent de
rédiger un acte sous seing privé le 28 juillet 1866 qu'ils font enregistrer
officiellement le 13 octobre 1866.
C'est désormais terminé, en cette fin
d'année 1866 Désiré est seul propriétaire du terrain de La Pierrière, et plus
personne d'autre que lui n'a de droit d'usage sur cette terre.
C'est donc à partir de 1867 que Désiré
Mitard va pouvoir commencer à faire bâtir La Pierrière qui va devenir un lieu
fondateur de notre famille.
Lorsqu'en janvier 1871, Désiré Mitard
signe un acte d'échange portant sur des bâtiments et des terres à Cathelogne
avec son cousin Victor Dupuy, il s'est déclaré domicilié à La Pierrière, et non
plus au Défend.
On peut donc affirmer sans risque
d'erreur que la maison de La Pierrière a été construite entre 1867 et 1870.
Ainsi donc on peut estimer que la construction de La Pierrière coïncide avec la chute du Second Empire après la défaite de la bataille de Sedan mettant fin à la guerre de 1870, et l'avènement de la troisième République.
La première naissance à La Pierrière
sera pour l'année suivante, le 11 janvier 1873 à six heures du soir, naît la
troisième fille de Désiré et Victorine, Adélefine Célestine Mitard.
Malheureusement, si la petite
troisième Adèlefine a été la première naissance de La Pierrière, elle en a été
aussi le premier décès, le 6 mai 1878, à l'âge de 5 ans.
Désiré et Victorine n'auront pas
d'autre enfant, et ils se contenteront d'élever leurs deux filles à la ferme,
jusqu'à ce qu'elles soient en âge de se marier...
Et les deux se marieront à l'âge de 20
ans.
Léontine épouse à Exireuil le 15
novembre 1882, Honoré Chaigne, 25 ans, qui était né à Saint-Georges-de-Noisné
aux Vieilles-Vignes, mais qui désormais vivait avec ses parents et ses frères
et sœurs à la Naide sur la commune d'Exireuil, là où aujourd'hui vivent nos
amis du Gaec Saboureau qui produisent de si bons fromages de chèvres.
Honoré Chaigne et Léontine vont rester
s'installer à La Pierrière avec Désiré et Victorine, et la deuxième naissance
de La Pierrière sera celle de la petite Léonie Anathalie Chaigne, le 24 août
1883.
Quant à Athalie, elle va épouser à
Saivres le 8 octobre 1884, Jacques Alix, 25 ans, qui était né à La Guillotière
sur la commune de François le 6 septembre 1859, mais qui vivait désormais avec
ses parents à la ferme de Bessé, sur la commune de Cherveux.
Jacques Alix et Athalie vont rester à
La Pierrière le temps pour Athalie d'accoucher de son premier enfant, car elle
était déjà très enceinte lorsqu'ils se sont mariés. En effet, c'est le 7
décembre 1884, tout juste trois mois après le mariage que naît une petite Adèle
Alix à La Pierrière, la troisième naissance dans la maison. Mais elle devait
effectivement être très prématurée, car elle décède presque aussitôt, le 9
décembre.
Après quoi, Jacques Alix et Athalie
vont aller s'installer sur la commune de Cherveux, avec les parents de Jacques,
André Alix et Jeanne Papot, dans la ferme de Bessé. Ils ne reviendront à La
Pierrière que bien plus tard.
En attendant c'est bien la famille
Chaigne, la fille aînée de Désiré, qui occupe La Pierrière avec les parents Mitard.
Le 2 février 1885 vient au monde à La Pierrière, Julien Clément Chaigne.
Julien Chaigne épousera plus tard Marie
Charrier et sera le père de la cousine Eva Chaigne. Je me souviens bien de la
cousine Eva, qui vivait à Paris, et venait parfois à Saint-Maixent. Elle était
paralytique et se déplaçait avec deux cannes anglaises, et conduisait sa
voiture, une Daf, avec une boîte automatique et aménagée pour le handicap, ce qui dans les années 60 et 70 était plutôt rare.
Pendant ce temps, à Bessé, Athalie
n'est pas en reste, et vient au monde le 8 décembre 1885, Emile Alix.
Le 31 janvier 1890, un nouveau décès a
lieu à La Pierrière. Celui de la petite Léonie Anathalie Chaigne, la fille
aînée d'Honoré Chaigne et Léontine Mitard, elle n'a que six ans.
La naissance suivante aura lieu encore
à Bessé de Cherveux. Ce sera le 25 mai 1893, la naissance de Marie Louise Alix,
notre mémé Marie, juste après le décès de son grand-père André Alix, décédé à
Bessé 15 jours plus tôt, le 10 mai.
Puis le 16 mars 1896 à La Pierrière, celle d'Aline Léontine Chaigne, qui viendra clore la génération des petits enfants de Désiré et Victorine.
Aline Chaigne épousera en 1918 René Ollivier, que nous connaîtrons dans notre enfance comme le cousin Ollivier qui vivait à Angers où il travaillait pour les contributions comme on disait à l'époque... Aujourd'hui on dirait qu'il était contrôleur des impôts.
L'année 1897 verra deux nouveaux décès
à La Pierrière.
D'abord celui de la grand-mère,
Françoise Gaultier, la mère de Désiré. Elle décède le 28 février 1897, elle avait
presque 90 ans, un âge canonique pour l'époque.
Puis vient le décès de Victorine, la
femme de Désiré Mitard. Elle décède quatre mois plus tard le 28 juin 1897, elle
avait 56 ans.
Après avoir perdu sa mère, puis sa
femme, c'est ensuite sa fille aînée, Léontine, l'épouse d'Honoré Chaigne, qui décède
à La Pierrière, le 21 septembre 1899, à l'âge de 37 ans, laissant Honoré
Chaigne veuf avec deux enfants, Julien âgé de 14 ans et Aline âgée de 3 ans.
Du côté de la famille Alix aussi, les
nouvelles ne sont pas bonnes. Après le décès d'André Alix et la naissance de
Marie-Louise, ils avaient quitté la ferme de Bessé sur la commune de Cherveux, pour aller
s'installer d'abord à La Chaume toujours sur la commune de Cherveux mais à proximité du village de Creuse sur la commune de La Crèche, puis sur la commune de François, au Breuil, dans la maison de
Jean-Jonas Alix, l'oncle de Jacques. Et là-bas, Emile, le fils aîné, le grand
frère de notre mémé Marie, est décédé le 12 août 1899. Il n'avait pas encore 14
ans... Mémé Marie n'est plus que fille unique et le restera.
Après le décès de Léontine, Honoré
Chaigne avec ses enfants va quitter La Pierrière pour aller s'installer comme fermier à la ferme de La Rouerie sur la commune de Saint-Georges-de-Noisné, et va laisser la place
à Jacques Alix et Athalie Mitard, qui vont quitter le Breuil de François pour
venir s'installer avec Désiré Mitard.
Au recensement de 1901, vivent à La
Pierrière Désiré Mitard alors âgé de 61 ans, Athalie sa fille et Jacques Alix
son gendre, 37 ans et 42 ans, Marie Louise Alix sa petite fille, notre mémé
Marie, alors âgée de 8 ans, et Jeanne Papot, la mère de Jacques Alix, 67 ans.
Puis vient les rejoindre l'oncle de
Jacques Alix, Jean-Jonas Alix, le demi-frère de son père, qui était veuf et
sans enfants, et qui ne pouvait plus vivre seul à 83 ans. Il est venu lui aussi
s'installer à La Pierrière pour y finir sa vie, après avoir par testament,
légué tous ses biens à Athalie Mitard sa nièce par alliance.
Il sera d'ailleurs le décès suivant de la maison.
Il meurt le 03 avril 1903 à La Pierrière, à l'âge de 84 ans, et sera ensuite
inhumé avec son épouse, à François, deux jours plus tard.
Je vous raconterai une autre fois,
pourquoi c'est Athalie Mitard qui a été instituée héritière de Jean-Jonas Alix,
et non pas son mari Jacques Alix, pourtant le neveu direct de Jean-Jonas, ce
qui aurait été à première vue beaucoup plus logique... et vous verrez alors
qu'Athalie était une femme de tête...
En 1905, Désiré Mitard, le fondateur
de La Pierrière, a 65 ans, et il ne se sent plus en capacité de gérer la ferme.
En quelque sorte, il veut prendre sa retraite, bien qu'à cette époque les
régimes de retraite étaient inexistants.
Alors, il passe la main, en signant un
contrat de fermage avec sa fille Athalie (et non pas avec Jacques Alix son
gendre). Désormais, c'est Athalie qui est responsable d'exploitation à La
Pierrière et son mari Jacques Alix est ouvrier agricole pour faire fonctionner
la ferme.
Au terme du contrat de fermage, Désiré
Mitard se réserve néanmoins le droit d'habiter dans la maison de La Pierrière,
en conservant la jouissance d'une pièce au rez-de-chaussée avec fenêtre sur la
cour et de deux pièces à l'étage pour ses meubles et son usage personnel. Et
Athalie sa fille, s'oblige à le nourrir, blanchir, chauffer, en un mot de lui
fournir le nécessaire, et à lui régler chaque année un loyer de 400 Francs,
payable à la Saint-Michel, le 29 septembre.
La ferme comptait alors 8 hectares
environ, consistant en bâtiments d'habitation, en bâtiments d'exploitation,
servitudes, cour, jardin, terres labourables, prés et bois, qu'Athalie
s'engageait à préserver sans y commettre, ni souffrir qu'il y soit commis,
aucune dégradation ni malversation.
Elle s'engageait en outre à labourer,
cultiver et ensemencer les terres en temps et saisons convenables, à convertir
en fumier toutes les pailles et tous les foins qui proviendraient des terres de
la borderie, à étaupiner, purger de ronces et d'épines les terres labourables,
à curer les fossés, cultiver les arbres fruitiers. Elle s'engageait par
ailleurs à bien nourrir, héberger les bestiaux, les soigner, sans pouvoir en
disposer, et elle profitera du boutage (de la vente) des produits de la
porcherie, des laines et autres produits quelconques, toutefois les fumiers
seront exclusivement employés à l'amendement des terres de la borderie.
La ferme contenait par ailleurs 4
vaches de 12, 8, 6 et 3 ans, une génisse de 8 mois, une jument de 8 ans, et le
matériel était constitué d'une charrette à vaches, une carriole, un tilbury,
une charrue et son avant-train, une charrette à porcs, une herse, un rouleau,
une houe à cheval, et divers instruments de jardinage tels que bêche, fourche,
houe à main, sarcloir, pioche, etc., le tout pour une valeur estimée de 1 200
Francs.
En 1910, le 19 mars, Jeanne Papot, la
mère de Jacques Alix, décède à La Pierrière. Elle a 76 ans. Elle sera inhumée
deux jours plus tard au Breuil de François.
En 1911, la ferme de La Pierrière
s'agrandit. Désiré Mitard achète pour 10 000 Francs à Mme Presle-Duplessis, la
veuve du notaire qui, au début de sa carrière, avait rédigé le contrat de
mariage de Désiré et Victorine, en co-propriété entre ses trois petits enfants
Marie Louise Alix (notre mémé Marie, pour la moitié), Julien et Aline Chaigne
(pour un quart chacun), le Grand Pré de Combré, contenant 2 hectares et 25
ares. La superficie de La Pierrière est désormais portée à 10 hectares environ. D'un coup la superficie des terres de La Pierrière a augmenté de 25%.
Nous arrivons en 1913. La Pierrière va
voir arriver un nouveau venu. En effet, le 22 octobre, Marie Louise, âgée de 20
ans, épouse Alix Thébault, 24 ans, qui vient de La Robelière, sur la commune
d'Exireuil, et le jeune couple va s'installer à La Pierrière. Une paire de bras
de plus pour exploiter la ferme, aux côtés de Jacques Alix et de Désiré Mitard.
De G à D : Athalie Mitard et Jacques Alix, Alix Thébault et Marie-Louise Alix, Désiré Mitard, Marie Berthe Magnou vve Thébault, la mère d'Alix. |
Mais l'année suivante au mois d'août,
alors que Marie Louise est enceinte, Alix doit rejoindre son régiment, pour
entrer dans la Grande Guerre. Et ça je vous l'ai déjà raconté... (cf. La grande guerre d'Alix Thébault).
Et du coup, il faudra attendre presque cinq ans avant qu'Alix devienne le vrai
fermier de La Pierrière.
Entretemps sont nés à La Pierrière les
deux enfants de Marie Louise et Alix, d'abord Lucienne Thébault le 4 septembre
1914, puis André Thébault le 19 mai 1916.
Visite du dimanche à La Pierrière en 1917 |
Au centre de la photo, Marie Louise Alix et ses deux enfants Lucienne (trois ans) et André (un an). A droite assise à côté d'André, Athalie Mitard épouse Alix. A gauche sur le banc, Marie Berthe Magnou veuve Thébault la mère d'Alix Thébault (probablement au front au jour de la photo), debout derrière, Jacques Elie Alix le père de Marie Louise. En haut à droite, Marie Léontine David née Thébault, la tante d'Alix. Et le garçon à gauche Marcel Allard, un petit cousin d'Alix Thébault, un petit neveu de Marie Léontine David. Au premier plan la chienne Lolotte.
Et c'est en mars 1919 qu'Alix rentre
définitivement à La Pierrière, son devoir accompli, auréolé de deux blessures,
quatre citations, la médaille militaire et la croix de guerre.
Le 17 juin 1920, Athalie Mitard,
sentant ses forces disparaître a fait venir Me Dupuis, notaire à Saint-Maixent,
lequel a reçu dans la grande chambre de La Pierrière, son testament, en
présence des voisins de La Pierrière, à savoir, Clément Souchard, François
Boulin et Simon Béguier, tous les trois du village de Combré, ainsi que Bénoni
Boinot de Vougné. Par testament, Athalie lègue tous ses biens à sa fille Marie
Louise.
Et le lendemain, 18 juin 1920, Athalie
Mitard décède à La Pierrière, à l'âge de 56 ans. Elle sera inhumée trois jours
plus tard, dans le petit cimetière protestant familial, aménagé à La Pierrière,
à l'arrière de la maison, donnant sur la vallée du Rocheteau et les bois de La
Roche.
Jacques Alix ne lui survivra pas très
longtemps, et c'est le 18 septembre 1921 qu'il décède et rejoint Athalie dans
le petit cimetière de La Pierrière.
Enfin, le dernier survivant des
générations antérieures, le fondateur de La Pierrière, Désiré Mitard, décède à
son tour dans la maison qu'il a construite, le 29 avril 1923, et il sera inhumé
le 02 mai. Il allait avoir 83 ans.
A noter pour l'anecdote que le témoin,
venu déclarer son décès à la Mairie, au côté d'Alix Thébault, n'est autre
qu'Edmond Proust, l'instituteur de l'école du village de Perré. Le même Edmond
Proust qui plus tard, en 1934 sera le fondateur de la MAAIF (qui deviendra la
MAIF), puis s'illustrera dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale,
à la tête des mouvements de résistance régionaux sous le pseudonyme de Colonel
Chaumette, et qui à la libération, reconstituera le 114ème Régiment
d'Infanterie, composé des forces résistantes régionales pour combattre les
Allemand autour de la poche de La Rochelle et accompagnera les forces alliées
jusqu'à Berlin, avant de revenir ensuite terminer sa carrière d'instituteur à
Saivres, jusqu'à sa retraite en 1949.
Désormais, à partir de 1923, Alix
Thébault et Marie Louise sont les seuls propriétaires et responsables de La
Pierrière.
Une autre petite fille va naître à La
Pierrière, le 5 février 1925, une petite Geneviève Thébault, mais qui
malheureusement ne survivra pas et décèdera dès le lendemain.
Alix et Marie Louise vont élever leurs
deux enfants, Lucienne et André, à La Pierrière, en vivant leur vie de paysans,
rythmée par les travaux des champs et les saisons.
Scène de labour à La Pierrière : Alix Thébault, Marie Louise et André. |
Lucienne et André |
Maurice et Lucienne s'installent à La
Pierrière, et pile neuf mois après le mariage, le 29 novembre 1935, vient au
monde dans la grande chambre, Janine, la fille aînée.
Puis, le 21 décembre 1937, arrive une
petite sœur, Claudette.
C'est le 22 avril 1939, juste avant la guerre, qu'André se marie à son tour, avec Huguette Maurin, née à Niort le 18 avril 1920, mais qui alors résidait à Paris.
A l'été 1939, André est mobilisé et
part au combat. Et pendant la débâcle de 1940, il est fait prisonnier et part
en captivité pour l'Allemagne. Il y restera cinq ans...
Huguette et sa mère Suzanne, après le décès quelques mois plus tôt de Marcel Maurin, leur père et mari, ont alors quitté Paris pour venir s'installer à La Pierrière, à l'écart de la guerre.
Le 24 novembre 1940, son fils aîné Jacques
naît à La Pierrière. André et Jacques ne feront connaissance qu'à son retour, en 1945...
En septembre 1939 La Pierrière a vu aussi arriver de nouveaux occupants. Une famille de réfugiés, évacués des Ardennes avant l'avancée allemande, la famille Lelarge, qu'il a fallu héberger pour quelque temps. Ils ne sont pas restés toutefois pour très longtemps, car ils sont rentrés chez eux à Sedan après la signature de l'armistice du 22 juin 1940, accepté par le Maréchal Pétain.
Alix et Marie Louise en 1943 avec leurs trois petits enfants, de D à G, Janine, Claudette et Jacques |
Lucienne et Huguette au travail des champs sur la faucheuse
Le cousin Louis Mitard de La Thibaudière a apporté la truie, la "tuerie au cochon" va pouvoir commencer. |
Ce sera d'abord chez Maurice et
Lucienne, Yvan, le 12 janvier 1946.
Puis pour finir chez André et Huguette,
Françoise, le 17 mars 1946.
Il n'y aura jamais eu autant de monde
à La Pierrière. Au recensement de février 1946, sont recensés à La Pierrière :
- Alix et Marie Louise Thébault
- Maurice et Lucienne Elie, avec Janine,
Claudette et Yvan
- André et Huguette Thébault, avec
Jacques (et Françoise arrivera un mois plus tard).
- Suzanne Maurin, la mère d'Huguette
- Marie Berthe Magnou Veuve Thébault, la mère d'Alix.
Soit au total 13 habitants dans la maison... C'est sûr, chacun n'avait pas sa propre chambre...
Les habitants de La Pierrière en 1946 (Manquent sur la photo, Maurice et Huguette, et les deux plus petits, Yvan et Françoise) |
Malheureusement en 1950, Alix tombe
malade. Un mauvais cancer de l'estomac qui le contraint à cesser toute activité.
Il n'y a personne dans la famille pour reprendre l'exploitation, Maurice
travaille à la laiterie de Castarie (il y était alors comptable, puis en deviendra le Directeur) et André s'est engagé dans l'armée.
Alors il va falloir partir et mettre
La Pierrière en fermage et elle sera confiée à la Saint-Michel de 1950 à Roger
Millet pour l'exploiter.
André et Huguette avec leurs enfants
étaient partis déjà depuis la fin de 1946 pour Thouars où André avait été nommé (on se souvient tous de sa
blague favorite "les cons servent à Thouars").
Quant au reste de la famille, il se
dirige vers Saint-Maixent.
Marie Louise et Alix au 5bis rue Jean
Jaurès qui appartenait alors à Marie Berthe Magnou, la mère d'Alix, qui avait
acheté la maison de la rue Jean Jaurès presque vingt ans plus tôt, en 1931, laquelle était louée et occupée
jusqu'alors par Joseph Bourlieu, marchand de charbon.
Maurice et Lucienne quant à eux
s'installent au 10 rue Châlon où Lucienne a ouvert un commerce d'épicerie,
mercerie, spiritueux. Mais ce ne sera que provisoire, et en 1953 le commerce
est cédé et tout le monde se réunit au 5bis rue Jean Jaurès...
Alix décède le 1er février 1951 et
disparaît avec lui le dernier fermier de La Pierrière de notre famille.
Après Roger Millet, ce sera la famille
Goudeau de La Roche Naide qui occupera et exploitera La Pierrière à partir de
1972.
Marie Louise, notre mémé Marie, décèdera à son tour à Saint-Maixent le 5 décembre 1988 à l'âge très avancé de 95 ans.
La Pierrière restera propriété de la famille, jusqu'en 1990, date à laquelle elle sera alors vendue, après 120 ans de propriété familiale ininterrompue.
En cela on peut effectivement dire qu'il s'agit d'une maison fondatrice de notre famille.
La maison a été cédée à M. et Mme Cambacedes, qui ont su en faire une très jolie restauration...
La Pierrière en juin 2024 |
La Pierrière en juin 2024 |
Belle histoire familiale liée à un lieu. Bravo Jean-Claude pour ce récit.
RépondreSupprimerPhilippe M.
Merci Philippe Martin pour ce commentaire. Amitiés.
SupprimerSi je comprends bien dans le couple Mitard-Alix, c'est Athalie qui coupait le farci ! Je connais des Chaigne à Exireuil, faudrait voir si il y a un lien (même si évidemment c'est un nom assez répandu...). Et Adèle a une très bonne copine à la tuilerie du Deffend (meis eux ne doivent rien avoir à voir avec cette histoire...). Grand merci pour cette histoire de mon voisinage immédiat ! C'est excellent !
RépondreSupprimerMais que c'est agréable de te lire mon Tonton ! C'est vraiment toujours aussi intéressant ! Quel boulot de recherche !!! Merci merci
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