Une petite histoire de La Pierrière...

 






Joseph Désiré Mitard, le grand-père de notre Mémé Marie, est né à La Tuilerie du Défend, sur la commune de Saint-Georges-de-Noisné, le vendredi 07 février 1840 à 10h du matin. Son père Joseph Mitard y était agriculteur aux côtés de son épouse Françoise Gauthier. Il était l'héritier d'une lignée avant lui de chauliers ou chaufourniers, qui possédaient l'art de fabriquer des tuiles en terre cuite ou de la chaux en brûlant de la pierre calcaire.

Par son acte de naissance il est prénommé Joseph, mais on ne sait pas pourquoi, il y a toujours été ajouté le prénom de Désiré, prénom utilisé usuellement.



Trois ans plus tard, nous sommes à Champdevaux sur la commune de La Chapelle-Bâton, commune voisine de celle de Saint-Georges-de-Noisné, et vient au monde Victorine Gautier le mardi 21 février 1843 à 11h du soir, au domicile de François Gautier et Marie Magdelaine Dupuy, agriculteurs.



Ces deux là, Joseph Désiré et Victorine, ne savent pas encore qu'ils sont faits l'un pour l'autre et qu'ils donneront plus tard naissance à une descendance de grande qualité...

A cette époque nous sommes alors sous le règne de Louis-Philippe 1er, roi des Français, depuis la révolution de 1830 et l'avènement de la monarchie de juillet.

Quand il a eu 20 ans, Joseph Désiré a dû se rendre à Mazières-en-Gâtine, au chef-lieu de canton, pour le Conseil de Révision. Au tirage au sort, le 4 mars 1861, il a tiré le numéro 31, ce qui le rend potentiellement tenu aux obligations militaires. Il a bien essayé de faire valoir qu'il était porteur d'une hernie inguinale à gauche, pour tenter d'obtenir une réforme, mais il a été jugé "propre au service". Et le 14 mai 1861, il a été inscrit à la 11ème place sur le contingent des 66 conscrits du canton.




On sait alors qu'il mesurait 1,68 m, qu'il avait les cheveux châtain foncé, le front ordinaire, les yeux gris, le nez long, la bouche petite, le menton rond, le visage ovale et bien sûr le teint coloré, comme tous les agriculteurs du canton qui passaient leurs journées dehors.

Par contre je n'ai trouvé aucune information ensuite concernant la réalité de l'accomplissement du service militaire. Il est plus probable qu'il a pu alors payer un homme, parmi ceux qui ont tiré le bon numéro (un numéro exempté) pour le remplacer. C'était déjà le cas à la génération précédente, son père qui en 1827 avait tiré un numéro d'enrôlement, avait acheté un remplaçant (j'en ai la preuve dans son contrat de mariage, où il est fait mention de cet achat...). Peut-être cette solution a-t-elle évité à Désiré de s'embarquer pour le Mexique, où il aurait pu alors participer aux expéditions aventureuses déclenchées par l'Empereur Napoléon III entre 1861 et 1867, pour tenter d'asseoir l'influence française dans cette partie du monde...

Au lieu de partir pour l'armée, dès le mois de juin 1861, soit à peine un mois après le conseil de révision, Joseph Désiré (qui a alors 21 ans) et Victorine (18 ans), fondent ensemble une famille.

Avant le passage à la mairie, les deux familles de Joseph Désiré et Victorine ont fait rédiger un contrat de mariage le 29 mai 1861 par Me Félix Presle-Duplessis, notaire à Saint-Maixent, au terme duquel il est stipulé :

- que le mariage est contracté sous le régime de la communauté, hors les dettes antérieures au mariage qui devront être acquittées par celui desquelles elles proviendraient,

- que les nippes, hardes, linges de corps, bijoux et ornements à l'usage personnel des futurs époux demeureront propres à chacun d'eux,

- que les parents Mitard et les parents Gauthier s'obligent à verser au jeune couple, chacun une dot de 600 Francs, qu'ils s'engagent les uns et les autres à régler au cours de la première année du mariage.

- il est également prévu que les futurs mariés pourront aller s'installer à La Tuilerie Du Défend, à Saint-Georges-de-Noisné, au domicile des parents Mitard.

C'est le mercredi 5 juin 1861 à 10h du matin, qu'ils se marient à la mairie de La Chapelle Bâton, et que Pierre Massé, adjoint au maire, recueille leur consentement mutuel et les déclare unis par le mariage, en présence de leurs témoins.



Joseph Désiré avait désigné pour l'assister ses deux beaux-frères, Clément Bourreau, 30 ans, meunier à Saivres, le mari de sa sœur Marie-Françoise,  et Clément Texier, 35 ans, cultivateur à La Proutière, commune de Chantecorps, le mari de sa sœur aînée Radégonde .

Victorine pour sa part avait fait appel à Jean Gautier, son oncle de 38 ans, cultivateur à La Plaisière, commune de Saint-Christophe-sur-Roc, et à Jacques Vivier, 30 ans, cultivateur à Bessé, commune de Cherveux, son beau-frère, le mari de sa sœur Marie Adeline.

Après leur mariage, Joseph Désiré (ou plus communément Désiré) vient donc avec Victorine s'installer à La Tuilerie du Défend, au domicile de ses parents Mitard, où vit aussi son jeune frère Augustin, alors âgé de 12 ans (C'est par lui, Augustin, que nous sommes apparentés à nos lointains cousins Morisset de La Thibaudière, dont il est l'aïeul...). Ses sœurs aînées Radégonde et Marie Françoise, sont déjà mariées et ont quitté le domicile pour suivre leur mari respectif, l'une à Chantecorps à la ferme de La Proutière, l'autre au moulin du Pont de Maunay sur la commune voisine de Saivres.

C'est là, à la Tuilerie du Défend, que vient au monde un an plus tard leur première fille, Léontine Mitard, le vendredi 04 juillet 1862.



Quelques mois plus tard, le 16 novembre 1862, la maison est endeuillée. Le père de Désiré Mitard, Joseph Mitard, décède à La Tuilerie du Défend, il a 55 ans. Désiré est donc désormais seul chef de famille.



Un peu moins de deux ans après sa sœur, le samedi 20 février 1864, naît à son tour leur deuxième fille Clorinde Athalie Mitard.



C'est à partir de cette époque que Désiré a dans l'idée de changer de maison. Sans doute celle de La Tuilerie du Défend ne lui convient-elle plus.

Alors il imagine qu'il pourrait bien en bâtir une nouvelle, dans le champ du Terrier de la Pierrière, qui lui appartient, et qui est situé à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de la Tuilerie du Défend, de l'autre côté du ruisseau de Rocheteau, tout près du château de La Roche-Naide, sur la commune voisine de Saivres, à proximité du village de Combré.

Précisément, si ce champ s'appelle La Pierrière, c'est parce qu'il y en a beaucoup, de la pierre, ce qui fait qu'il y aura tous les matériaux qu'il faut sur place pour la construction. D'ailleurs jusqu'à présent ce champ était justement un site de prélèvement de pierre pour les chaufourniers, d'où son nom.

Mais voilà, il n'était pas le seul à user de ce droit de prélèvement.

Notamment il y avait Olivier Pillac, chaufournier à la Chaboissière de Saint-Georges-de-Noisné, qui possédait un droit de prélèvement de pierre à chaux à La Pierrière, ainsi qu'un droit d'usage sur un four à chaux au Défend et dans les courtillages qui en dépendent (le jardin), et un droit de prélèvement de terre à tuiles dans les champs de la Ringère appartenant à Jean Derré de la Tuilerie du Défend. Le 15/10/1864, Désiré Mitard rachète tous ces droits à Olivier Pillac, pour une somme de 40 Francs (acte de Maître Levesque notaire à Saint-Maixent).

Et puis il y avait aussi Jean Derré, son voisin de la Tuilerie du Défend, qui lui aussi disposait d'un droit de prélèvement de pierres à La Pierrière.

Alors Désiré Mitard lui a proposé un troc : Je te cède le droit au courtillage au Défend (acquis de Pillac), ainsi que le droit au prélèvement de terre à La Ringère, contre ton droit au prélèvement de pierres à La Pierrière. Les deux hommes tombent d'accord pour cet échange, sans sortie d'argent, sans frais de notaire. Ils se contentent de rédiger un acte sous seing privé le 28 juillet 1866 qu'ils font enregistrer officiellement le 13 octobre 1866.

C'est désormais terminé, en cette fin d'année 1866 Désiré est seul propriétaire du terrain de La Pierrière, et plus personne d'autre que lui n'a de droit d'usage sur cette terre.

C'est donc à partir de 1867 que Désiré Mitard va pouvoir commencer à faire bâtir La Pierrière qui va devenir un lieu fondateur de notre famille.

Lorsqu'en janvier 1871, Désiré Mitard signe un acte d'échange portant sur des bâtiments et des terres à Cathelogne avec son cousin Victor Dupuy, il s'est déclaré domicilié à La Pierrière, et non plus au Défend.

On peut donc affirmer sans risque d'erreur que la maison de La Pierrière a été construite entre 1867 et 1870.

Ainsi donc on peut estimer que la construction de La Pierrière coïncide avec la chute du Second Empire après la défaite de la bataille de Sedan mettant fin à la guerre de 1870, et l'avènement de la troisième République.



Au recensement de 1872 vivaient à La Pierrière, Désiré Mitard et sa femme Victorine Gautier, leurs deux filles Léontine 9 ans et Athalie 8 ans, la grand-mère Françoise Gautier Veuve Mitard, la mère de Désiré, et aussi Augustin Mitard, le jeune frère de Désiré, alors âgé de 22 ans, qui était encore célibataire (c'est à l'occasion de son mariage en 1879 avec Louise Belot, qu'il ira s'installer chez ses beaux-parents à La Thibaudière).

La première naissance à La Pierrière sera pour l'année suivante, le 11 janvier 1873 à six heures du soir, naît la troisième fille de Désiré et Victorine, Adélefine Célestine Mitard.



Malheureusement, si la petite troisième Adèlefine a été la première naissance de La Pierrière, elle en a été aussi le premier décès, le 6 mai 1878, à l'âge de 5 ans.



Désiré et Victorine n'auront pas d'autre enfant, et ils se contenteront d'élever leurs deux filles à la ferme, jusqu'à ce qu'elles soient en âge de se marier...

Et les deux se marieront à l'âge de 20 ans.

Léontine épouse à Exireuil le 15 novembre 1882, Honoré Chaigne, 25 ans, qui était né à Saint-Georges-de-Noisné aux Vieilles-Vignes, mais qui désormais vivait avec ses parents et ses frères et sœurs à la Naide sur la commune d'Exireuil, là où aujourd'hui vivent nos amis du Gaec Saboureau qui produisent de si bons fromages de chèvres.

Honoré Chaigne et Léontine vont rester s'installer à La Pierrière avec Désiré et Victorine, et la deuxième naissance de La Pierrière sera celle de la petite Léonie Anathalie Chaigne, le 24 août 1883.



Quant à Athalie, elle va épouser à Saivres le 8 octobre 1884, Jacques Alix, 25 ans, qui était né à La Guillotière sur la commune de François le 6 septembre 1859, mais qui vivait désormais avec ses parents à la ferme de Bessé, sur la commune de Cherveux.

Jacques Alix et Athalie vont rester à La Pierrière le temps pour Athalie d'accoucher de son premier enfant, car elle était déjà très enceinte lorsqu'ils se sont mariés. En effet, c'est le 7 décembre 1884, tout juste trois mois après le mariage que naît une petite Adèle Alix à La Pierrière, la troisième naissance dans la maison. Mais elle devait effectivement être très prématurée, car elle décède presque aussitôt, le 9 décembre.



Après quoi, Jacques Alix et Athalie vont aller s'installer sur la commune de Cherveux, avec les parents de Jacques, André Alix et Jeanne Papot, dans la ferme de Bessé. Ils ne reviendront à La Pierrière que bien plus tard.

En attendant c'est bien la famille Chaigne, la fille aînée de Désiré, qui occupe La Pierrière avec les parents Mitard.

Le 2 février 1885 vient au monde à La Pierrière, Julien Clément Chaigne.



Julien Chaigne épousera plus tard Marie Charrier et sera le père de la cousine Eva Chaigne. Je me souviens bien de la cousine Eva, qui vivait à Paris, et venait parfois à Saint-Maixent. Elle était paralytique et se déplaçait avec deux cannes anglaises, et conduisait sa voiture, une Daf, avec une boîte automatique et aménagée pour le handicap, ce qui dans les années 60 et 70 était plutôt rare.

Pendant ce temps, à Bessé, Athalie n'est pas en reste, et vient au monde le 8 décembre 1885, Emile Alix.



Le 31 janvier 1890, un nouveau décès a lieu à La Pierrière. Celui de la petite Léonie Anathalie Chaigne, la fille aînée d'Honoré Chaigne et Léontine Mitard, elle n'a que six ans.



La naissance suivante aura lieu encore à Bessé de Cherveux. Ce sera le 25 mai 1893, la naissance de Marie Louise Alix, notre mémé Marie, juste après le décès de son grand-père André Alix, décédé à Bessé 15 jours plus tôt, le 10 mai.



Puis le 16 mars 1896 à La Pierrière, celle d'Aline Léontine Chaigne, qui viendra clore la génération des petits enfants de Désiré et Victorine.



Aline Chaigne épousera en 1918 René Ollivier, que nous connaîtrons dans notre enfance comme le cousin Ollivier qui vivait à Angers où il travaillait pour les contributions comme on disait à l'époque... Aujourd'hui on dirait qu'il était contrôleur des impôts.

L'année 1897 verra deux nouveaux décès à La Pierrière.

D'abord celui de la grand-mère, Françoise Gaultier, la mère de Désiré. Elle décède le 28 février 1897, elle avait presque 90 ans, un âge canonique pour l'époque.



Puis vient le décès de Victorine, la femme de Désiré Mitard. Elle décède quatre mois plus tard le 28 juin 1897, elle avait 56 ans.



Après avoir perdu sa mère, puis sa femme, c'est ensuite sa fille aînée, Léontine, l'épouse d'Honoré Chaigne, qui décède à La Pierrière, le 21 septembre 1899, à l'âge de 37 ans, laissant Honoré Chaigne veuf avec deux enfants, Julien âgé de 14 ans et Aline âgée de 3 ans.



Du côté de la famille Alix aussi, les nouvelles ne sont pas bonnes. Après le décès d'André Alix et la naissance de Marie-Louise, ils avaient quitté la ferme de Bessé sur la commune de Cherveux, pour aller s'installer d'abord à La Chaume toujours sur la commune de Cherveux mais à proximité du village de Creuse sur la commune de La Crèche, puis sur la commune de François, au Breuil, dans la maison de Jean-Jonas Alix, l'oncle de Jacques. Et là-bas, Emile, le fils aîné, le grand frère de notre mémé Marie, est décédé le 12 août 1899. Il n'avait pas encore 14 ans... Mémé Marie n'est plus que fille unique et le restera.



Après le décès de Léontine, Honoré Chaigne avec ses enfants va quitter La Pierrière pour aller s'installer comme fermier à la ferme de La Rouerie sur la commune de Saint-Georges-de-Noisné, et va laisser la place à Jacques Alix et Athalie Mitard, qui vont quitter le Breuil de François pour venir s'installer avec Désiré Mitard.



Au recensement de 1901, vivent à La Pierrière Désiré Mitard alors âgé de 61 ans, Athalie sa fille et Jacques Alix son gendre, 37 ans et 42 ans, Marie Louise Alix sa petite fille, notre mémé Marie, alors âgée de 8 ans, et Jeanne Papot, la mère de Jacques Alix, 67 ans.

Puis vient les rejoindre l'oncle de Jacques Alix, Jean-Jonas Alix, le demi-frère de son père, qui était veuf et sans enfants, et qui ne pouvait plus vivre seul à 83 ans. Il est venu lui aussi s'installer à La Pierrière pour y finir sa vie, après avoir par testament, légué tous ses biens à Athalie Mitard sa nièce par alliance.

Il sera d'ailleurs le décès suivant de la maison. Il meurt le 03 avril 1903 à La Pierrière, à l'âge de 84 ans, et sera ensuite inhumé avec son épouse, à François, deux jours plus tard.



Je vous raconterai une autre fois, pourquoi c'est Athalie Mitard qui a été instituée héritière de Jean-Jonas Alix, et non pas son mari Jacques Alix, pourtant le neveu direct de Jean-Jonas, ce qui aurait été à première vue beaucoup plus logique... et vous verrez alors qu'Athalie était une femme de tête...

 

En 1905, Désiré Mitard, le fondateur de La Pierrière, a 65 ans, et il ne se sent plus en capacité de gérer la ferme. En quelque sorte, il veut prendre sa retraite, bien qu'à cette époque les régimes de retraite étaient inexistants.

Alors, il passe la main, en signant un contrat de fermage avec sa fille Athalie (et non pas avec Jacques Alix son gendre). Désormais, c'est Athalie qui est responsable d'exploitation à La Pierrière et son mari Jacques Alix est ouvrier agricole pour faire fonctionner la ferme.

Au terme du contrat de fermage, Désiré Mitard se réserve néanmoins le droit d'habiter dans la maison de La Pierrière, en conservant la jouissance d'une pièce au rez-de-chaussée avec fenêtre sur la cour et de deux pièces à l'étage pour ses meubles et son usage personnel. Et Athalie sa fille, s'oblige à le nourrir, blanchir, chauffer, en un mot de lui fournir le nécessaire, et à lui régler chaque année un loyer de 400 Francs, payable à la Saint-Michel, le 29 septembre.

La ferme comptait alors 8 hectares environ, consistant en bâtiments d'habitation, en bâtiments d'exploitation, servitudes, cour, jardin, terres labourables, prés et bois, qu'Athalie s'engageait à préserver sans y commettre, ni souffrir qu'il y soit commis, aucune dégradation ni malversation.

Elle s'engageait en outre à labourer, cultiver et ensemencer les terres en temps et saisons convenables, à convertir en fumier toutes les pailles et tous les foins qui proviendraient des terres de la borderie, à étaupiner, purger de ronces et d'épines les terres labourables, à curer les fossés, cultiver les arbres fruitiers. Elle s'engageait par ailleurs à bien nourrir, héberger les bestiaux, les soigner, sans pouvoir en disposer, et elle profitera du boutage (de la vente) des produits de la porcherie, des laines et autres produits quelconques, toutefois les fumiers seront exclusivement employés à l'amendement des terres de la borderie.

La ferme contenait par ailleurs 4 vaches de 12, 8, 6 et 3 ans, une génisse de 8 mois, une jument de 8 ans, et le matériel était constitué d'une charrette à vaches, une carriole, un tilbury, une charrue et son avant-train, une charrette à porcs, une herse, un rouleau, une houe à cheval, et divers instruments de jardinage tels que bêche, fourche, houe à main, sarcloir, pioche, etc., le tout pour une valeur estimée de 1 200 Francs.

 

En 1910, le 19 mars, Jeanne Papot, la mère de Jacques Alix, décède à La Pierrière. Elle a 76 ans. Elle sera inhumée deux jours plus tard au Breuil de François.



En 1911, la ferme de La Pierrière s'agrandit. Désiré Mitard achète pour 10 000 Francs à Mme Presle-Duplessis, la veuve du notaire qui, au début de sa carrière, avait rédigé le contrat de mariage de Désiré et Victorine, en co-propriété entre ses trois petits enfants Marie Louise Alix (notre mémé Marie, pour la moitié), Julien et Aline Chaigne (pour un quart chacun), le Grand Pré de Combré, contenant 2 hectares et 25 ares. La superficie de La Pierrière est désormais portée à 10 hectares environ. D'un coup la superficie des terres de La Pierrière a augmenté de 25%.

 

Nous arrivons en 1913. La Pierrière va voir arriver un nouveau venu. En effet, le 22 octobre, Marie Louise, âgée de 20 ans, épouse Alix Thébault, 24 ans, qui vient de La Robelière, sur la commune d'Exireuil, et le jeune couple va s'installer à La Pierrière. Une paire de bras de plus pour exploiter la ferme, aux côtés de Jacques Alix et de Désiré Mitard.

De G à D : Athalie Mitard et Jacques Alix, Alix Thébault et Marie-Louise Alix, Désiré Mitard, Marie Berthe Magnou vve Thébault, la mère d'Alix.


Mais l'année suivante au mois d'août, alors que Marie Louise est enceinte, Alix doit rejoindre son régiment, pour entrer dans la Grande Guerre. Et ça je vous l'ai déjà raconté... (cf. La grande guerre d'Alix Thébault). Et du coup, il faudra attendre presque cinq ans avant qu'Alix devienne le vrai fermier de La Pierrière.

Entretemps sont nés à La Pierrière les deux enfants de Marie Louise et Alix, d'abord Lucienne Thébault le 4 septembre 1914, puis André Thébault le 19 mai 1916.





Visite du dimanche à La Pierrière en 1917

Au centre de la photo, Marie Louise Alix et ses deux enfants Lucienne (trois ans) et André (un an). A droite assise à côté d'André, Athalie Mitard épouse Alix. A gauche sur le banc, Marie Berthe Magnou veuve Thébault la mère d'Alix Thébault (probablement au front au jour de la photo), debout derrière, Jacques Elie Alix le père de Marie Louise. En haut à droite, Marie Léontine David née Thébault, la tante d'Alix. Et le garçon à gauche Marcel Allard, un petit cousin d'Alix Thébault, un petit neveu de Marie Léontine David. Au premier plan la chienne Lolotte.

Et c'est en mars 1919 qu'Alix rentre définitivement à La Pierrière, son devoir accompli, auréolé de deux blessures, quatre citations, la médaille militaire et la croix de guerre.

Le 17 juin 1920, Athalie Mitard, sentant ses forces disparaître a fait venir Me Dupuis, notaire à Saint-Maixent, lequel a reçu dans la grande chambre de La Pierrière, son testament, en présence des voisins de La Pierrière, à savoir, Clément Souchard, François Boulin et Simon Béguier, tous les trois du village de Combré, ainsi que Bénoni Boinot de Vougné. Par testament, Athalie lègue tous ses biens à sa fille Marie Louise.

Et le lendemain, 18 juin 1920, Athalie Mitard décède à La Pierrière, à l'âge de 56 ans. Elle sera inhumée trois jours plus tard, dans le petit cimetière protestant familial, aménagé à La Pierrière, à l'arrière de la maison, donnant sur la vallée du Rocheteau et les bois de La Roche.



Jacques Alix ne lui survivra pas très longtemps, et c'est le 18 septembre 1921 qu'il décède et rejoint Athalie dans le petit cimetière de La Pierrière.



Enfin, le dernier survivant des générations antérieures, le fondateur de La Pierrière, Désiré Mitard, décède à son tour dans la maison qu'il a construite, le 29 avril 1923, et il sera inhumé le 02 mai. Il allait avoir 83 ans.



A noter pour l'anecdote que le témoin, venu déclarer son décès à la Mairie, au côté d'Alix Thébault, n'est autre qu'Edmond Proust, l'instituteur de l'école du village de Perré. Le même Edmond Proust qui plus tard, en 1934 sera le fondateur de la MAAIF (qui deviendra la MAIF), puis s'illustrera dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale, à la tête des mouvements de résistance régionaux sous le pseudonyme de Colonel Chaumette, et qui à la libération, reconstituera le 114ème Régiment d'Infanterie, composé des forces résistantes régionales pour combattre les Allemand autour de la poche de La Rochelle et accompagnera les forces alliées jusqu'à Berlin, avant de revenir ensuite terminer sa carrière d'instituteur à Saivres, jusqu'à sa retraite en 1949.

 

Désormais, à partir de 1923, Alix Thébault et Marie Louise sont les seuls propriétaires et responsables de La Pierrière.

Une autre petite fille va naître à La Pierrière, le 5 février 1925, une petite Geneviève Thébault, mais qui malheureusement ne survivra pas et décèdera dès le lendemain.



Alix et Marie Louise vont élever leurs deux enfants, Lucienne et André, à La Pierrière, en vivant leur vie de paysans, rythmée par les travaux des champs et les saisons.

Scène de labour à La Pierrière : Alix Thébault, Marie Louise et André.


Lucienne et André





C'est le 27 février 1935, que Lucienne Thébault, alors âgée de 20 ans, épouse à Saivres Maurice Elie, presque 25 ans, qui demeurait à La Renolière, à quelques kilomètres de là, de l'autre côté de la route d'Augé.
Elle le connaissait bien car il passait très souvent à la ferme. En effet, Maurice, après avoir fait l'école laitière de Surgères, travaillait à la laiterie coopérative de Castarie, comme contrôleur lors du ramassage du lait dans les fermes (il fallait bien s'assurer que les fermiers ne rajoutaient pas un peu d'eau dans les bidons pour augmenter les volumes de collecte...)






Maurice et Lucienne s'installent à La Pierrière, et pile neuf mois après le mariage, le 29 novembre 1935, vient au monde dans la grande chambre, Janine, la fille aînée.

Puis, le 21 décembre 1937, arrive une petite sœur, Claudette.



C'est le 22 avril 1939, juste avant la guerre, qu'André se marie à son tour, avec Huguette Maurin, née à Niort le 18 avril 1920, mais qui alors résidait à Paris.




A l'été 1939, André est mobilisé et part au combat. Et pendant la débâcle de 1940, il est fait prisonnier et part en captivité pour l'Allemagne. Il y restera cinq ans...

Huguette et sa mère Suzanne, après le décès quelques mois plus tôt de Marcel Maurin, leur père et mari, ont alors quitté Paris pour venir s'installer à La Pierrière, à l'écart de la guerre.

Le 24 novembre 1940, son fils aîné Jacques naît à La Pierrière. André et Jacques ne feront connaissance qu'à son retour, en 1945...


En septembre 1939 La Pierrière a vu aussi arriver de nouveaux occupants. Une famille de réfugiés, évacués des Ardennes avant l'avancée allemande, la famille Lelarge, qu'il a fallu héberger pour quelque temps. Ils ne sont pas restés toutefois pour très longtemps, car ils sont rentrés chez eux à Sedan après la signature de l'armistice du 22 juin 1940, accepté par le Maréchal Pétain.


Alix et Marie Louise en 1943 avec leurs trois petits enfants,
de D à G, Janine, Claudette et Jacques


Lucienne et Huguette au travail des champs sur la faucheuse
 
 

Le cousin Louis Mitard de La Thibaudière a apporté la truie,
la "tuerie au cochon" va pouvoir commencer.



Les deux dernières naissances de La Pierrière auront lieu en 1946.

Ce sera d'abord chez Maurice et Lucienne, Yvan, le 12 janvier 1946.

Puis pour finir chez André et Huguette, Françoise, le 17 mars 1946.

Il n'y aura jamais eu autant de monde à La Pierrière. Au recensement de février 1946, sont recensés à La Pierrière :

- Alix et Marie Louise Thébault

- Maurice et Lucienne Elie, avec Janine, Claudette et Yvan

- André et Huguette Thébault, avec Jacques (et Françoise arrivera un mois plus tard).

- Suzanne Maurin, la mère d'Huguette

- Marie Berthe Magnou Veuve Thébault, la mère d'Alix.


Soit au total 13 habitants dans la maison... C'est sûr, chacun n'avait pas sa propre chambre...

Les habitants de La Pierrière en 1946 (Manquent sur la photo, Maurice et Huguette, et les deux plus petits, Yvan et Françoise)


Malheureusement en 1950, Alix tombe malade. Un mauvais cancer de l'estomac qui le contraint à cesser toute activité. Il n'y a personne dans la famille pour reprendre l'exploitation, Maurice travaille à la laiterie de Castarie (il y était alors comptable, puis en deviendra le Directeur) et André s'est engagé dans l'armée.

Alors il va falloir partir et mettre La Pierrière en fermage et elle sera confiée à la Saint-Michel de 1950 à Roger Millet pour l'exploiter.

André et Huguette avec leurs enfants étaient partis déjà depuis la fin de 1946 pour Thouars où André avait été nommé (on se souvient tous de sa blague favorite "les cons servent à Thouars").

Quant au reste de la famille, il se dirige vers Saint-Maixent.

Marie Louise et Alix au 5bis rue Jean Jaurès qui appartenait alors à Marie Berthe Magnou, la mère d'Alix, qui avait acheté la maison de la rue Jean Jaurès presque vingt ans plus tôt, en 1931, laquelle était louée et occupée jusqu'alors par Joseph Bourlieu, marchand de charbon.

Maurice et Lucienne quant à eux s'installent au 10 rue Châlon où Lucienne a ouvert un commerce d'épicerie, mercerie, spiritueux. Mais ce ne sera que provisoire, et en 1953 le commerce est cédé et tout le monde se réunit au 5bis rue Jean Jaurès...

Alix décède le 1er février 1951 et disparaît avec lui le dernier fermier de La Pierrière de notre famille.



Après Roger Millet, ce sera la famille Goudeau de La Roche Naide qui occupera et exploitera La Pierrière à partir de 1972.

Marie Louise, notre mémé Marie, décèdera à son tour à Saint-Maixent le 5 décembre 1988 à l'âge très avancé de 95 ans.



La Pierrière restera propriété de la famille, jusqu'en 1990, date à laquelle elle sera alors vendue, après 120 ans de propriété familiale ininterrompue.

En cela on peut effectivement dire qu'il s'agit d'une maison fondatrice de notre famille.

La maison a été cédée à M. et Mme Cambacedes, qui ont su en faire une très jolie restauration...

La Pierrière en juin 2024

La Pierrière en juin 2024









Sources : Archives départementales, archives familiales en ma possession.

Commentaires

  1. Belle histoire familiale liée à un lieu. Bravo Jean-Claude pour ce récit.
    Philippe M.

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  2. Florian Migault5 juin 2024 à 21:05

    Si je comprends bien dans le couple Mitard-Alix, c'est Athalie qui coupait le farci ! Je connais des Chaigne à Exireuil, faudrait voir si il y a un lien (même si évidemment c'est un nom assez répandu...). Et Adèle a une très bonne copine à la tuilerie du Deffend (meis eux ne doivent rien avoir à voir avec cette histoire...). Grand merci pour cette histoire de mon voisinage immédiat ! C'est excellent !

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  3. Mais que c'est agréable de te lire mon Tonton ! C'est vraiment toujours aussi intéressant ! Quel boulot de recherche !!! Merci merci

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