I
comme... Instructeur de Jeunesse
Notre
ancêtre Jean Bry est né à Prailles, petite paroisse du Pays Mellois dans le
Moyen Poitou, vers 1742.
Il
est le fils de Jean Bry et Catherine Gaucher. Son père était le sacristain de
la paroisse.
C'est
lui maintenant qui assume cette fonction de sacristain, en complément de son
travail d'instructeur de jeunesse, on dirait aujourd'hui instituteur.
Catholique
dans un pays du croissant huguenot, où la quasi-totalité des habitants
pratiquent la foi réformée, Jean sait que sa présence, en tant qu'instituteur
de foi catholique, est rare et précieuse. Pourtant, il n’en retire ni arrogance
ni ressentiment, il porte sa foi avec la simplicité et la discrétion d’un
homme attaché à ses devoirs et à sa conscience.
Jean
exerce deux fonctions essentielles pour la communauté. Le matin, il ouvre sa
petite école, logée dans une pièce attenante à la sacristie, où l’air humide et
l’odeur de cire, mêlée à l’encre de plume, imprègnent chaque recoin. Ici, il est maître d'école, instruisant les
enfants des familles les plus aisées de la paroisse, mais aussi ceux de paysans
qui peuvent payer quelques sous. Il leur enseigne à lire, écrire, compter, et,
pour les plus grands, le catéchisme catholique, soigneusement murmuré pour ne
pas provoquer de tensions dans ce village très majoritairement protestant.
L’après-midi,
il revêt sa tenue de sacristain,
allumant les cierges et préparant les rares offices catholiques, veillant à ce
que les fidèles qui ont choisi de rester dans la foi de leurs ancêtres puissent
se rassembler et prier. Son rôle exige tact et discrétion : il connait chaque
famille, respecte les croyances de ses voisins, et sait que sa mission n’est
pas seulement d’instruire, mais de maintenir un fragile équilibre dans la
communauté.
Ses
journées sont longues et parfois épuisantes. Il corrige les cahiers, récite les
prières, prépare les leçons de latin pour les fils des quelques notables chez
qui il intervient encore comme précepteur, et surveille les plus turbulents
pendant les exercices de calcul.
Les
villageois le regardent avec le respect inspiré par son érudition, mêlé
cependant d’une certaine distance, conscients qu'ils sont de sa dévotion et de
sa rigueur catholique. Mais malgré la solitude que lui impose sa position
minoritaire, Jean trouve un réconfort profond dans son rôle : chaque mot
appris, chaque prière murmurée, chaque geste de politesse transmis à ses élèves
sont pour lui une victoire silencieuse.
Depuis
la grande révolution de cette fin du XVIIIe siècle, pour pouvoir garder son
école ouverte, il a dû prêter serment à la République. Pourtant cette
République, il ne la porte pas trop dans son cœur... elle lui a retiré de
nombreuses sources de revenus. Il intervenait autrefois comme précepteur dans
les familles des petits nobles de la région. Mais ceux-ci ont dû émigrer en
catastrophe pour sauver leurs têtes.
C'est
ainsi qu'ont dû quitter le territoire pendant la Terreur, les principales
familles nobles de la paroisse de Prailles, la famille de Louis Louveau de la
Gravette, la famille de Maulay, les Belin de la Liborlière, les Garnier de
Boisgrolier... Leurs biens ont été vendus au profit de la Nation et ce sont
autant de débouchés qui se sont fermés pour Jean Bry et son commerce de savoir.
Au
cours du mois de ventôse de l'an VII de la République, est arrivée une lettre
datée du 5 (23 février 1799), signée du Commissaire du Directoire exécutif près
la municipalité du Canton de Mougon, au terme de laquelle le citoyen Bry,
instituteur, ayant refusé de se rendre au chef-lieu de canton pour assister à
la fête du 2 pluviôse (21 janvier), et y renouveler le serment républicain, est
renvoyé.
Jean
a alors 57 ans, un âge déjà avancé à cette époque, il est peu probable qu'il
ait contesté cette décision de renvoi.
Néanmoins,
aux mariages de ses enfants, dont certains ont eu lieu après cette révocation,
et y compris sur son acte de décès, Jean Bry est toujours présenté comme
instituteur.
Jean
Bry et Marie Bourdin, qui se sont mariés en 1764 à Souché, village d'origine de
Marie, ont eu six enfants entre 1764 et 1780. Nous descendons de leur deuxième
enfant et première fille, Magdelaine, née en 1767.
Marie
Bourdin est décédée à Prailles le 4 septembre 1808 à l'âge de 64 ans. Quant à
Jean Bry, il lui a survécu jusqu'au 12 mars 1817. Il avait alors 75 ans, un âge
canonique à cette époque.
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